20160218

Portraits d'ailleurs

Livre "portraits d'ailleurs", édité par Libération dans lequel j'ai été publié.


UN AUTRE REGARD:
«Les déesses cradingues. Les mômes de la route, les tendres voyageuses au jean blanc à l’endroit des fesses, des poux et des étoiles dans leurs cheveux rougis au henné, celles qui traversent le monde avec une cantine militaire et les yeux frappés d’illusion…» En 1974, l’écrivaine Muriel Cerf débutait par ces phrases son Antivoyage. Elle avait 23 ans et partait pour une errance de plusieurs mois en Inde et en Asie. Quatre décennies plus tard, nos concurrents ne sont guère plus âgés et la plupart d’entre eux se reconnaîtront volontiers dans les mots et les livres de tous les grands rêveurs qui les ont précédés sur les routes de Goa, Bali, Katmandou, New York ou Quito.

Enthousiasme, poésie et générosité sont toujours au rendez-vous. Des regards neufs, des regards curieux, dessinant un monde passionnant avec des pinceaux, des lettres, des images… «Notre planète est un livre. Un livre géant, avec de drôles de pages mais un livre quand même. Un livre qu’il faut apprendre à lire», écrivait l’année dernière Erik Orsenna, parrain de l’opération, à l’occasion de la remise des prix.

En quatre ans, Libération et l' Apaj ont reçu près d'un millier de reportages, carnets de voyage ou diaporamas photo. Naissance kirghize, fleurs d'oranger algériennes, bazar malgache, ONG africaine, partouze brésilienne... Nos routards nous ont offert un étonnant tour du monde. A leur image. Souvent lyrique et littéraire, la génération des années 2010 peut aussi avoir le regard mordant et n'hésite à se frotter à la misère sociale, aux régimes verrouillés ou à la beaufitude des touristes lambda. D'où cette série de "Portraits d'ailleurs", publiés, et mettant en scène un dealer parisien, un instituteur féministe afghan, une femme de ménage argentine, une belle mère libanaise envahissante... Ainsi, au fil des années, une quinzaine de jeunes auteurs se sont révélés. La plupart de nos lauréats continuent leur chemin dans le journalisme ou les arts et commencent à exposer et publier. Cet ouvrage dévoile un aperçu de leurs talents. Pour le plaisir de tous les voyageurs immobiles. 
(Fabrice Drouzy et Benedict Donnelly).

«Un voyage se passe de motif. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même». Cette réflexion est de Nicolas Bouvier, extraite de L’Usage du monde, publié à compte d’auteur en 1963, devenu livre culte chez les voyageurs. Figure tutélaire de la littérature de voyage, Nicolas Bouvier a inspiré pendant toute la deuxième moitié du XXème siècle ceux qu’on a appelés les «écrivains voyageurs» et autres journalistes globe-trotters. C’est naturellement à lui que Libération se réfère quand, en 2008, notre journal est associé à un concours de reportages sur le thème du voyage, créé par l’Apaj (Association pour l’aide aux jeunes auteurs).