UN AUTRE REGARD:
«Les
déesses cradingues. Les mômes de la route, les tendres voyageuses au
jean blanc à l’endroit des fesses, des poux et des étoiles dans leurs
cheveux rougis au henné, celles qui traversent le monde avec une cantine
militaire et les yeux frappés d’illusion…»
En 1974, l’écrivaine Muriel Cerf débutait par ces phrases son
Antivoyage. Elle avait 23 ans et partait pour une errance de plusieurs
mois en Inde et en Asie. Quatre décennies plus tard, nos concurrents ne
sont guère plus âgés et la plupart d’entre eux se reconnaîtront
volontiers dans les mots et les livres de tous les grands rêveurs qui
les ont précédés sur les routes de Goa, Bali, Katmandou, New York ou
Quito.
Enthousiasme, poésie et générosité sont toujours au rendez-vous. Des regards neufs, des regards curieux, dessinant un monde passionnant avec des pinceaux, des lettres, des images… «Notre planète est un livre. Un livre géant, avec de drôles de pages mais un livre quand même. Un livre qu’il faut apprendre à lire», écrivait l’année dernière Erik Orsenna, parrain de l’opération, à l’occasion de la remise des prix.
Enthousiasme, poésie et générosité sont toujours au rendez-vous. Des regards neufs, des regards curieux, dessinant un monde passionnant avec des pinceaux, des lettres, des images… «Notre planète est un livre. Un livre géant, avec de drôles de pages mais un livre quand même. Un livre qu’il faut apprendre à lire», écrivait l’année dernière Erik Orsenna, parrain de l’opération, à l’occasion de la remise des prix.
En quatre ans, Libération et l' Apaj ont reçu près d'un millier de
reportages, carnets de voyage ou diaporamas photo. Naissance kirghize,
fleurs d'oranger algériennes, bazar malgache, ONG africaine, partouze
brésilienne... Nos routards nous ont
offert un étonnant tour du monde. A leur image. Souvent lyrique et
littéraire, la génération des années 2010 peut aussi avoir le regard
mordant et n'hésite à se frotter à la misère sociale, aux régimes
verrouillés ou à la beaufitude des touristes lambda. D'où cette série de
"Portraits d'ailleurs", publiés, et mettant en scène un dealer
parisien, un instituteur féministe afghan, une femme de ménage
argentine, une belle mère libanaise envahissante... Ainsi, au fil des
années, une quinzaine de jeunes auteurs se sont révélés. La plupart de
nos lauréats continuent leur chemin dans le journalisme ou les arts et
commencent à exposer et publier. Cet ouvrage dévoile un aperçu de leurs
talents. Pour le plaisir de tous les voyageurs immobiles.
(Fabrice
Drouzy et Benedict Donnelly).
«Un
voyage se passe de motif. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à
lui-même». Cette réflexion est de Nicolas Bouvier, extraite de L’Usage
du monde, publié à compte d’auteur en 1963, devenu livre culte chez les
voyageurs. Figure tutélaire de la littérature
de voyage, Nicolas Bouvier a inspiré pendant toute la deuxième moitié
du XXème siècle ceux qu’on a appelés les «écrivains voyageurs» et autres
journalistes globe-trotters. C’est naturellement à lui que Libération
se réfère quand, en 2008, notre journal est associé à un concours de
reportages sur le thème du voyage, créé par l’Apaj (Association pour
l’aide aux jeunes auteurs).